Les matins courts
Les Matins courts est le récit abrupt et troublant d'une singulière traversée du miroir : l'histoire d'une femme qui cherche dans l'épreuve à désarmer les mécanismes qu'elle avait patiemment élaborés pour se tenir à distance des autres et du monde.
« Je dois au corps de cet homme invalide un talent de représentation, de la noblesse et de l'efficience. Je porte en permanence la conscience de la mobilité que mes membres doivent aux siens. Un instinct plutôt qu'un devoir. Nous sommes une entité, avec des forces complémentaires. Les miennes vont enfin servir, et mon corps défaillant, redécouvrir des ressources oubliées. Il faut que le courage saute aux yeux, mais qu'il fasse envie, il faut cracher à la gueule de la pitié, le sourire aux lèvres. J'ai un certain talent pour tout ça. Je suis éperdument amoureuse d'Antoine, j'aime la singularité du handicap car elle nous isole et nous soude. J'en aime les rituels, le vocabulaire, les ruses et même les contraintes. J'aime ce qu'il exige de moi, j'aime me voir en train de le donner, c'est un plaisir solitaire et puissant. Le premier symptôme d'une solitude insondable. »