Poussière d'homme
« Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d'homme m'ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t'ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d'être mortels, le temps nous a rattrapés... La voix blanche et la colère noire, j'ai eu beau t'appeler, tu étais déjà parti, loin. Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé, blanc et glacé, d'un hôpital.Je fais le rêve que l'on nous redonne quelques heures, une poignée d'heures d'une toute petite nuit, ravies entre le tomber d'un jour et le lever d'un autre. Ce ne sera qu'un tout petit moment, le temps de refermer les portes de notre vie ensemble, de nous serrer une dernière fois l'un contre l'autre avant que nos corps volent en éclats. Une minuscule escale pour rattraper ce temps échappé, arraché, et te dire l'après-toi, le sans-toi, la béance à chaque seconde de mes jours, la douloureuse colère depuis ta vie suspendue, l'amour de toi qui me cogne au-dedans.Tu t'enfonces dans le sofa sans forme du salon, je t'y rejoins et me replie au creux de toi. Ton souffle caresse ma nuque, tes mains me parcourent et m'enserrent. Nous buvons à la coupe de nos lèvres jointes. Ensemble encore quelques heures, le temps de quelques mots, jusqu'aux adieux, quand mes lèvres en seront à lâcher les tiennes pour frôler le vide et embrasser l'absence... »Poussière d'homme est une parole d'amour, d'homme à homme, dans un océan de pertes et de chagrins. Nous devrions tous pouvoir, rien qu'un instant, prendre congé de nos défunts... Ce récit est le rêve fou de ces adieux, la mise en mots de l'insoutenable et éternelle absence, un supplément d'amour lorsqu'on craint que la douleur nous précipite dans la folie.
« Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d'homme m'ont filé entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t'ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d'être mortels, le temps nous a rattrapés... La voix blanche et la colère noire, j'ai eu beau t'appeler, tu étais déjà parti, loin. Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé, blanc et glacé, d'un hôpital.
Je fais le rêve que l'on nous redonne quelques heures, une poignée d'heures d'une toute petite nuit, ravies entre le tomber d'un jour et le lever d'un autre. Ce ne sera qu'un tout petit moment, le temps de refermer les portes de notre vie ensemble, de nous serrer une dernière fois l'un contre l'autre avant que nos corps volent en éclats. Une minuscule escale pour rattraper ce temps échappé, arraché, et te dire l'après-toi, le sans-toi, la béance à chaque seconde de mes jours, la douloureuse colère depuis ta vie suspendue, l'amour de toi qui me cogne au-dedans.
Tu t'enfonces dans le sofa sans forme du salon, je t'y rejoins et me replie au creux de toi. Ton souffle caresse ma nuque, tes mains me parcourent et m'enserrent. Nous buvons à la coupe de nos lèvres jointes. Ensemble encore quelques heures, le temps de quelques mots, jusqu'aux adieux, quand mes lèvres en seront à lâcher les tiennes pour frôler le vide et embrasser l'absence... »
Poussière d'homme est une parole d'amour, d'homme à homme, dans un océan de pertes et de chagrins. Nous devrions tous pouvoir, rien qu'un instant, prendre congé de nos défunts... Ce récit est le rêve fou de ces adieux, la mise en mots de l'insoutenable et éternelle absence, un supplément d'amour lorsqu'on craint que la douleur nous précipite dans la folie.