Soulevant un coin du voile, ce récit montre la vie quotidienne en prison, sans fioritures ni angélisme. Dans ce lieu souvent terrifiant, on assiste à des miracles d'amour et on fait des constats surprenants.

On se fait trop souvent de la prison une idée manichéenne : tous les détenus sont dangereux, les surveillants se conduisent comme des tortionnaires. Aussi Claudie Guimet a-t-elle ressenti le besoin de bousculer les idées reçues sur ce monde méconnu et de sortir du cadre dévolu à l'aumônier qui relate son expérience uniquement du point de vue religieux. Elle ne juge pas, elle écoute, compatit et s'attache aux hommes et aux femmes qu'elle y a rencontrés. Ainsi, cette jeune mère coupable du meurtre de son bébé aprés l'intervention maladroite d'une assistante sociale : abandonnée et sans ressources, apprenant que sa fille allait lui être enlevée, elle l'a noyée dans la baignoire et a tenté de se suicider. Ou ce jeune homme, incarcéré depuis deux ans pour un meurtre qu'il n'avait pas commis, au terme d'un procés hallucinant de bétise et d'injustice. L'apprenti pâtissier, plein de bonne volonté, qui a braqué la boulangère de son quartier avec un jouet en forme de pistolet et qui récidive chaque fois qu'il sort. On sourira à l'histoire de "mère Térésa ", un détenu ayant découvert en prison les valeurs essentielles. On sera choqué par celle d'un homme qui a brûlé son épouse pour un motif futile et s'obstine à ne pas comprendre les raisons de son incarcération puisque, dit-il, "ce n'était qu'une femme ". "Il faut regarder en face ce que notre société fait des êtres qu'elle juge inaptes, dit Claudie Guimet, pour ne jamais oublier qu'un détenu reste, avant tout, un être humain qu'il convient de traiter comme tel. "