J'aurais dû épouser marcel
Racontées par Françoise Xenakis, ces histoires, à la fois très réalistes et percutantes, dépeignent avec émotion la France de l'entre-deux-guerres.
Ces nouvelles ont pour cadre la Sologne d'après la guerre de 1914-1918.
Les « Marcel » (on regroupait sous ce nom les hommes envoyés au front) étaient de braves gars, orphelins pour la plupart, buveurs de rosé, poseurs de collets, tailleurs de bavette.
Les « veuves blanches » - autre appellation générique, appliquée aux femmes, celle-là - attendaient leur retour. Au village, elles avaient un statut spécial. Placées sous la protection de l'église et du marquis, propriétaire de tout le village, elles avaient droit à une maison, faisaient des travaux de couture et percevaient une petite pension. En échange, on exigeait d'elles une moralité sans faille. Il leur était interdit de regarder les autres hommes, car elles auraient dû épouser les « Marcel ».
Très longtemps après la fin de la guerre, l'un d'entre eux est revenu. Chaque soir, des années durant, sa « fiancée » était allée l'attendre au bout du chemin. Elle savait bien que cet homme n'était pas celui auquel elle avait été promise, mais elle a laissé faire : un mariage en grande pompe, la télévision et les journaux pour célébrer l'événement... Elle a vécu ainsi avec lui quelques années, jusqu'à ce qu'il meure, puis elle est retournée faire le guet au bout du chemin.