La structure du crime
Si les crimes et les criminels ne se ressemblent pas, si les circonstances des faits sont toujours différentes et si chaque auteur de crime est porteur d'une histoire et d'une personnalité particulières, un étrange lien semble les unir tous autour d'une destinée commune, tel un fatum invisible. Ce livre passe au crible sept dossiers criminels très dissemblables, de la commission des faits jusqu'au verdict en passant par l'instruction judiciaire et les débats de cour d'assises. Les circonstances des crimes sont mises en regard de la personnalité et du processus de socialisation de chaque auteur, à l'aide notamment d'entretiens avec les experts psychiatres et psychologues désignés pour l'examen des accusés. L'analyse minutieuse de ces sept cas met en évidence un certain nombre d'éléments psychosociaux invariants reliés à un processus dynamique constant. Le champ du crime fonctionne donc comme un ensemble structurel clos, avec ses règles inconscientes de dépendances et de déterminations. L'élément le plus constant et le plus central de ce dispositif chez le criminel est ce ressenti, diffus ou paroxystique, d'une angoisse dépressive, résultat d'une ancienne disposition traumatique, qui resurgit avec violence à l'occasion d'une confrontation avec une situation nouvelle ressentie comme impensable, irreprésentable et imparable. Le passage à l'acte est toujours une tentative résolutoire de cette angoisse et, en ce sens, il incarne le résultat d'une somme, aléatoire mais bien réelle, de déterminismes sociaux et psychologiques, entre un sujet, ses dispositions sociales, ses failles psychiques, son imaginaire, son rapport au symbolique et des circonstances extérieures particulières qui le placent face à la perspective d'un réel indépassable, car inconcevable.