Mon dernier cheveu noir
Mon dernier cheveu noir est un livre mêlant récit intime et pédagogie très personnelle, à mi-chemin entre les deux principaux best-sellers de l'auteur : Il a jamais tué personne mon papa et Je vais t'apprendre la politesse p'tit con.Avec Histoires pour distraire ma psy, livre atypique, Jean-Louis Fournier nous propose un recueil d'histoires insolites, certaines vécues, d'autres inventées. Mais invente-t-on vraiment les histoires qu'on croit imaginer ? Souvenirs, rêves, nouvelles plus ou moins loufoques, une cinquantaine de chapitres courts composent un cocktail étonnant qui se déguste jusqu'à la dernière séance.
« Le youpala sert à l'homme à faire ses premiers pas, le déambulateur à faire ses derniers pas ; entre les deux, il court à sa perte. »
Même si nous avons tendance à l'oublier, nous sommes tous biodégradables. Comme les pommes, que Jean-Louis Fournier, inquiet, croque devant sa glace en regardant sa poire. « J'ai peur d'avoir des pépins... », soupire-t-il. Et des pépins, il va en avoir, entre son garagiste qui veut le démonter, son antiquaire qui n'aime pas ce qui est vieux, son cerveau qui n'en fait qu'à sa tête, son médecin qui refuse de lui indiquer sa date de péremption, son marchand de légumes qui l'appelle « jeune homme »... Mais si lui n'en a plus pour très longtemps, il nous rassure : nous non plus. De toute façon, nous allons échapper au pire : « Demain, il n'y aura plus d'œufs frais ; à cause de la canicule, les poules ne pondront que des œufs durs. Demain, toutes les filles seront vieilles. Demain, on n'aura plus le droit de fumer, de boire, de rire, on n'aura même plus le droit de mourir. »
Il a bien quelques regrets, il ne sera jamais le mari de Julia Roberts, ne sera jamais roi de Suède ni dompteur de tigres, ne dansera pas Le Lac des cygnes au Bolchoï. Mais, finalement, il s'en fout un peu.
« J'ai, comme beaucoup, quand il paraît trop difficile de vivre, fréquenté les psy. Je me souviens d'une psychanalyste somnolente, dont le cabinet était sombre, qui m'a soigné plusieurs années. Elle m'écoutait avec une expression tellement sinistre que j'ai longtemps cru que je l'ennuyais et qu'elle allait s'endormir. Comme je pensais avoir épuisé mes malheurs, j'ai décidé, pour la réveiller, de lui raconter tout ce qui me passait par la tête, des idées de scénarios, de livres, de films... J'ai cru voir son regard éteint se rallumer, je crois même, une fois, l'avoir vue sourire. La thérapie a continué, mieux. Dans mes histoires inventées, je laissais traîner, à mon insu, des choses importantes qui ont dû lui servir pour mieux me connaître. Pour vous, j'ai transcrit ces histoires. Installez-vous sur un divan pour les lire. Mon plus grand souhait est que vous ne vous endormiez pas. »