Parfois le silence est une trahison
Cette histoire est une histoire vraie, de celles qui empêchent de dormir. C'est l'histoire d'une imposture victorieuse.
Cet ouvrage, qui fait suite à L'Irak du silence, paru chez Balland pendant la première guerre du Golfe, alors que Marie de Varney était reporter de guerre au Monde, constitue un itinéraire de réflexion de Bassora à Kerbela, de Nadjaf à Bagdad ou Tikrit. L'Irak des victimes est un pays que l'on montre rarement ; ici, au contraire, des hommes cantonnés dans l'ombre deviennent enfin visibles. Il ne s'agit pas d'établir une géographie de la souffrance, ni une vérité absolue - qui peut se targuer de la détenir ? -, mais d'être au plus près du terrain. Pour l'auteur, l'Irak a été victime d'une stratégie du chaos afin d'être dépouillé de tout, de ses richesses, parmi lesquelles le pétrole et l'eau, bien sûr, mais aussi de son identité, de sa culture, de son histoire. Ainsi, l'occupation de l'Irak ne "s'embourbe "pas, mais dès le début elle a été conçue pour diviser sur le thème de la religion. De sorte que ce pays laïque dans certaines villes, éminemment modéré dans d'autres avant 2003, se déchire entre "tribus "dont l'existence surprend les Irakiens eux-mêmes. Les chiites et les sunnites se mariaient entre eux auparavant, quelquefois sans le savoir, en considérant le distinguo comme "artificiellement occidental ". La seule division entre "communautés "concernait le Kurdistan, qui constituait une sorte d'Etat dans l'Etat.